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Élargir le mouvement pour le travail décent d’ONN avec des organismes à but non lucratif francophones
L’été dernier, l’ONN, en partenariat avec l’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario (AFNOO) et l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), a mené des consultations auprès des femmes travaillant dans les organismes à but non lucratif francophones. Dans des rencontres facilitées par Debra Violette de PGF Consultants, nous avons demandé à deux groupes de femmes – des cadres supérieurs et des travailleuses de première ligne – quelles étaient leurs expériences en tant que travailleuses dans le secteur à but non lucratif.
Découvrez ce que Debra et Pamela ont entendu tout au long de ce processus et ce que cela signifie pour le secteur à but non lucratif.
Faits saillants des consultations
Pamela: En 2018, j’ai eu l’occasion d’entendre plus de 700 personnes qui s’identifient comme des femmes, en plus d’autres identités, travaillant dans les organismes à but non lucratif à travers la province. Ce que j’ai entendu était une immense passion pour le travail au service de la communauté. Pour les femmes noires, autochtones, les nouvelles arrivantes, les femmes handicapées et les femmes des communautés LGBTQ2SI, cela allait au-delà de la passion; il s’agissait d’être témoin de besoins pressants dans leurs communautés qui n’étaient pas pris en compte par les institutions traditionnelles et de s’engager pour combler ces lacunes. Cependant, j’ai également entendu parler de la déception quant au manque de valeur accordée à leur travail, de la frustration face à la persistance d’une faible rémunération et de la colère face à la façon dont le sexisme, le racisme, et la discrimination fondée sur la capacité physique et l’âge se conjuguent pour nuire profondément aux travailleuses.
Debra: En 2021, j’ai eu la chance d’entendre un groupe relativement petit mais très diversifié de femmes francophones qui sont passionnées par leur travail dans le secteur à but non lucratif. Ce que j’ai entendu fait écho à une grande partie de ce que Pamela a entendu lors de la première série de consultations. Ces femmes sont très engagées mais très lucides sur les conditions dans lesquelles elles travaillent. Bien que quelque peu désabusées quant à la possibilité de créer un meilleur environnement de travail, elles ne sont pas aigries et voient certains avantages à travailler dans ce secteur plutôt que dans le secteur à but lucratif, par exemple, un plus grand espace pour la créativité, la flexibilité et la possibilité de faire avancer les causes qui leur sont chères. Le salaire reste le problème focal, beaucoup étant confrontées à l’insécurité financière aujourd’hui et lors de la retraite. Les différentes “couches” du désavantage s’empilent les unes sur les autres : être une femme dans le secteur à but non lucratif vs être un homme; travailler pour un organisme à but non lucratif francophone vs un organisme à but non lucratif anglophone; être une femme racialisée vs appartenir à la majorité.
Réflexions sur le travail décent pour les femmes
Pamela: En parcourant les transcriptions des cercles d’apprentissage et les données des enquêtes, et en lisant récemment «Les Voix des femmes», une chose me revenait sans cesse à l’esprit : la passion et le devoir l’emportent sur le travail décent dans notre secteur. Mais pourquoi? Pourquoi les personnes qui effectuent le travail le plus exigeant pour assurer le bien-être des individus et des communautés entières, qui sont souvent elles-mêmes en marge de la société, doivent-elles renoncer à un salaire équitable, à la stabilité, aux avantages sociaux, à l’avancement et à des cultures de travail saines? Pourquoi devons-nous choisir entre servir les communautés et avoir un travail juste? Cela n’a pas de sens pour moi et c’est inacceptable.
Debra: Ce qui m’a le plus impressionné, c’est que les femmes que j’ai consultées étaient capables de nommer des solutions potentielles. Elles voyaient clairement ce qu’il fallait faire, notamment mobiliser les réseaux et obtenir l’engagement des conseils d’administration et des bailleurs de fonds. Nous parlons d’une transformation majeure de mentalité de notre société: dans la façon dont nous considérons et apprécions le travail effectué dans le secteur à but non lucratif; un travail qui prend soin de notre société et qui est un moteur pour notre économie; un travail effectué traditionnellement – et encore aujourd’hui – principalement par des femmes. Le changement ne se produira pas du jour au lendemain, mais je me demande comment nous pouvons créer efficacement l’élan nécessaire à des mesures efficaces et immédiates.
L’avenir d’un mouvement pour le travail décent
Pamela: Les travailleuses de notre secteur ne forment pas un monolithe, et donc la création d’un mouvement pour le travail décent et l’action qui s’ensuivent ne peuvent pas l’être non plus. Depuis que l’ONN a commencé ce travail, nous avons ajouté au travail décent des lentilles basées sur le genre, intersectionnelles, linguistiques, de l’équité raciale et de la réconciliation. C’est comme si le travail décent était un prisme et que ces lentilles étaient les lumières que nous y dirigions pour obtenir un plein spectre d’analyses et d’actions pour un travail décent. Autrement, nous ne ferons que reproduire les mêmes inégalités que nous proposons d’éliminer dans les communautés que nous desservons plutôt que de faire avancer le travail décent pour tous.
Debra: Pourtant, s’agit-il d’une autre situation où le fardeau du changement est entre les mains des « opprimées »? Il est certain que ces femmes ne sont pas passives face aux inégalités, bien au contraire ! Mais je crois qu’une véritable transformation peut s’opérer à partir de la base à condition qu’elle soit accompagnée d’un leadership positif. Pour moi, la vraie question est de savoir comment nous pouvons nous rassembler, à travers les sous-secteurs, les divisions linguistiques, ethniques et culturelles, pour créer suffisamment d’élan et avoir suffisamment de pouvoir pour opérer un véritable changement.
La question que nous laissons au lecteur est la suivante : quels ponts pouvez-vous construire à votre propre niveau pour faire progresser un mouvement pour le travail décent ?
Voici quelques ressources qui peuvent vous aider dans votre réflexion:
· Liste de contrôle du travail décent
Pamela Uppal (elle) cares deeply about how women experience the world and so her work over the past 10 years has focused on creating gender-equitable systems by bridging frontline work, research initiatives, and policy advocacy. Currently, she is a policy advisor at the Ontario Nonprofit Network leading its decent work, care economy, and future of work portfolios.
Debra Violette (elle) cumule 20 ans d’expérience en développement et gestion de projets et de personnes. Visionnaire, elle s’illustre par ses talents de facilitatrice et sa capacité à saisir les enjeux stratégiques. Debra a oeuvré en développement international, en organisation d’événements majeurs et en consultation à Ottawa, Toronto, dans le Nord de l’Ontario, en Afrique de l’Ouest et à Québec.